Cahiers de la Documentation 2012/2 (juin 2012)
NUMÉRO SPÉCIAL
Sur les traces de…
Paul Otlet
Éditorial
Comme vous le savez tous, chaque métier a son saint-patron. Les comptables ont donc saint Matthieu, les pâtissiers ont saint Honoré, les chasseurs ont saint Hubert, les mineurs ont sainte Barbe, les écoliers ont saint Nicolas, etc., etc. Vous en connaissez sûrement d’autres.
Et nous dans tout ça ? Qui donc est le saint-patron des bibliothécaires, documentalistes, archivistes, rangeurs de livres ou autres veilleurs ? Et bien, nous avons saint Paul ! L’apôtre ? Non, lui, à son époque, les bibliothèques devaient être aussi courantes que les trains qui circulent les jours de grève générale. Saint-Paul-de-Vence, peut-être ? Non, ça, c’est une ville ! Saint Paul Heyvaert, alors ? On se rapproche mais ce n’est pas à lui que je pensais. En fait, je voulais parler de Paul Otlet.
Vous me direz que, jusqu’à preuve du contraire, il n’a pas encore été canonisé et, à moins que Benoît XVI fasse des heures supplémentaires à la bibliothèque vaticane, il y a peu de chance qu’il en ait entendu parler. Admettons ! C’est vrai aussi que contrairement à son acolyte, Henri La Fontaine, il n’a même pas eu les honneurs du prix Nobel. Et pourtant, c’est son nom que les professionnels de l’info-doc ont surtout retenu.
Même si ce numéro des Cahiers ne va pas faire l’hagiographie de ce personnage, nous espérons quand même qu’il permettra au Vatican d’enfin s’intéresser à lui. On imagine déjà le président de l’ABD-BVD aux côtés des souverains, du Premier Ministre et des grands de ce monde lors de la béatification de Paul Otlet au Vatican.
Mais, assez déliré ! Avant de vous plonger dans les très intéressants articles que nous avons rassemblés pour vous, je vous invite à lire l’avant-propos rédigé par les deux initiateurs de ce numéro spécial, à savoir Christopher Boon et Dominique Vanpée, que je tiens à remercier pour tout le travail accompli. Et j’espère que, là-haut, Saint Paul vous en est reconnaissant également.
En attendant, je vous souhaite une très bonne lecture.
Guy DELSAUT
Avant-propos
Christopher BOON et Dominique J.B. VANPÉE, Membres du Comité de publication
Paul Otlet en het Mundaneum : Meer dan een papieren erfgoed…
Dominique J.B. VANPÉE, Lid van het Publicatiecomité van Bladen voor Documentatie, Belgische Vereniging voor Documentatie (ABD-BVD)
Paul Otlet ne doit pas sa carrière qu’à ses origines. C’est par ses études et sa première expérience professionnelle qu’il aura trouvé sa muse dans la bibliographie. Celle-ci, mais aussi la catalographie, la documentation ainsi que la création d’associations et de musées ou encore l’utilisation de nouveaux artefacts spécifiques (fiche, catalogues à tiroirs, microfilms,…), l’auront rapproché de l’objectif de sa vie, le Mundaneum, édifié au rang de modèle conceptuel et contextuel.
Classer : de l’archive à l’action
Delphine GARDEY, Professeure ordinaire en histoire contemporaine; Vice-doyenne de la Faculté des Sciences économiques et sociales, Université de Genève
Les technologies du classement sont profondément transformées à la fin du 19e siècle, et ces transformations sont au cœur d’une révolution managériale qui réorganise profondément l’économie. Cet article essaie de caractériser au mieux l’existence d’un « ancien régime des gestes de classement ». Contemporain de la fiche cartonnée, le « document » fait son apparition ainsi que la documentation comme science nouvelle, faisant du livre un format dépassé. Pour une grande part – et au-delà des technologies du classement –, c’est par un travail d’organisation hygiénique et rationnel de l’espace que les capacités de traitement systématique de l’information opèrent.
Le texte intégral n’est pas disponible en ligne
Die Brücke : A German contemporary of the Institut International de Bibliographie
Markus KRAJEWSKI, Associate Professor of Media History, Bauhaus-Universität Weimar
Au cours du 19e siècle, l’utilisation permanente, et non plus occasionnelle, de fiches d’indexation pour le catalogage de grandes collections de livres s’est répandue dans les bibliothèques européennes avant de traverser l’océan Atlantique pour atteindre le nouveau monde. Cet article est consacré aux effets de cette technique de stockage (de l’information) lorsque les institutions se sont emparés de la connaissance de la méthode et de ses promesses (et surtout celle de standardisation universelle) pour imposer le catalogue sur fiches comme base indispensable de leur propre travail. Le cas précis de « Die Brücke » (« Le Pont ») est examiné : ce comité allemand, ne se référant non pas à des transferts d’information transatlantiques ou transeuropéens, mais bien à des échanges mondiaux entre centres d’activité scientifique, avait pour objectif d’établir des connexions entre des îlots de savoir et de collecter l’information bibliographique relative aux éléments dispersés des sources mêmes du travail intellectuel.
Les réalités d’une aventure documentaire
Stéphanie MANFROID, Responsable des archives, Mundaneum
L’histoire du Mundaneum, ou plutôt de l’Office International de Bibliographie, a généré une littérature abondante depuis son apparition en 1895. La Classification Décimale Universelle (CDU) a fort logiquement focalisé l’attention des professionnels du secteur de l’information, de la documentation et de la communication. On connaît plus rarement l’étendue des collections que la CDU a permis de développer. Le centre d’archives actuel préserve avec enthousiasme cet héritage multiple composé d’archives et de collections particulières. Cet aperçu permet de mieux cerner cette réalité patrimoniale.
Bibliografische ondernemingen rond 1900 (deel 1): Eenheid in verscheidenheid
Paul SCHNEIDERS, Documentatiehistoricus op rust
Les mouvements bibliographique et documentaire forment une unité dans la diversité, entre autres du fait d’un appareil