Décembre 2020 : Open science

La complexité de l’ouverture : Débat sur l’avenir de l’Open Science

Sara Decoster
Chargée de l’Open Science, KU Leuven

Quand Stevan Harnad a suggéré, en 1994, que les chercheurs mettent leurs publications gratuitement à la disposition de chacun, il s’agissait, d’après les termes de l’intéressé lui-même, d’une « proposition subversive ». Aujourd’hui, l’open science est devenue incontournable dans le monde académique. Désormais, il s’agit d’une priorité pour la Commission Européenne, qui impose ses principes aux chercheurs qu’elle finance.
Alors, tout va pour le mieux ? Pas nécessairement. Il n’y a pas si longtemps, le débat pouvait se résumer, grosso modo, à une opposition entre, d’une part, des éditeurs cupides, mus par l’appétit du gain, imposant des prix d’abonnement absolument rébarbatifs, et d’autre part, les universités, argumentant que la science se devait d’être accessible à tous, tant aux chercheurs moins fortunés, travaillant possiblement dans les pays en voie de développement, qu’aux contribuables.
Aujourd’hui, les éditeurs jouent pleinement le jeu de l’open science, mais ils tentent toujours d’imposer leurs conditions. Il n’est pas rare qu’un chercheur peut ouvrir son article à tous, à condition qu’il accepte de payer plusieurs milliers d’euros de « frais de publication ». Comme ce business est particulièrement lucratif, des éditeurs prédateurs ont émergé. Ils tentent d’attirer les chercheurs pour publier dans une revue faussement scientifique, qui est mise en ligne sans passer par l’étape, indispensable, de validation par les pairs.

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