Cahiers de la Documentation 2011/3 (septembre 2011)

cover2011-3_smallÉditorial

Cet été, le temps d’un long week-end, la presse belge francophone a cessé d’exister… du moins sur Google.

Pour ceux qui n’aurait pas suivi l’affaire « Copie­presse vs. Google », voici un petit résumé des faits. Copiepresse, la société de gestion des droits de éditeurs de la presse quotidienne belge francophone et germanophone, s’oppose depuis des années à la diffusion des articles de leurs affiliés sur le service Google News, contestant notamment la mise en cache des articles et la diffusion de larges extraits sans qu’aucun accord n’ait été négocié. Un jugement favorable aux édi­teurs a été rendu en 2006 et confirmé en mai 2011. Menacé d’astreintes importantes, le géant américain a décidé de retirer toute référence aux sites de ces éditeurs, non seulement dans Google News mais aussi dans leur moteur de re­cherche. Le 15 juillet, un internaute cherchant le site du Soir ou de La Libre Belgique ne pouvait plus les retrouver via le moteur de recherche le plus utilisé du monde. La presse belge crie au scandale et parle alors de « boycott », voire de « censure ». Trois jours plus tard, Google rétablis­sait les liens dans son moteur de recherche. Affaire réglée ! Du moins pour l’instant car d’autres procédures judiciaires sont annoncées[1].

Il n’est évidemment pas de mon ressort de commenter une décision de justice. Je ne sou­haite pas plus m’étendre sur les pratiques sou­vent critiquées de Google. On est ici face à un problème complexe mêlant droit d’auteur et inté­rêts économiques, sans compter les débats sur une certaine vision du Web. Cependant, je vou­lais faire part de mon interrogation sur la politi­que des journaux belges francophones. Depuis des années, leur devise semble être « Pour vivre heureux, vivons cachés ». En effet, si les journaux belges francophones sont absents de Google News, ils sont également absents des agréga­teurs internationaux. Les professionnels de l’information, à l’étranger, sont ainsi privés de sources de qualité sur notre pays. Quant aux pro­fessionnels belges, dont la portée des recher­ches dépasse très souvent les frontières de no­tre petit pays, ils sont souvent obligés de payer deux abonnements, l’un à agrégateur internatio­nal et à un intégrateur belgo-belge.

Rappelons que l’intérêt d’avoir recours à ces agrégateurs permet, non seulement une recher­che sur plusieurs sources à la fois, mais aussi d’établir efficacement et facilement une veille sur un sujet. La politique des éditeurs rend ce travail plus compliqué et plus cher.

Pourtant, des négociations semblent possibles puisque les journaux flamands, eux, sont pré­sents tant dans Google News, que dans les agrégateurs internationaux. La presse franco­phone est-elle plus rebelle ? Moins flexible quant à ses droits ? Plus gourmande ? Ou n’a-t-elle pas encore intégré le passage au numérique ? On est en droit de se poser la question.

Plaidons donc pour que la presse belge franco­phone intègre, enfin, les agrégateurs internatio­naux, qu’ils soient gratuits ou payants, profes­sionnels ou grand public. À force de se margina­liser, ces journaux perdront tant le grand public que les documentalistes et ce ne sera pas ren­dre justice à tous ces journalistes qui, chaque jour, nous informent et font un travail remarqua­ble.

[1] Cet éditorial a été écrit le 14 août. Une procédure pour dommage et intérêt devrait être engagée par Copiepresse, le 8 septembre.

Guy DELSAUT

Le journalisme d’investigation et l’accélérateur de particules informatives

Marc VANESSE, Ancien journaliste au quotidien Le Soir (1989-2008), Chargé de cours en journalisme d’investigation et déontologie de l’information, Co-fondateur du Lemme (Laboratoire d’études sur les médias et la médiation), Université de Liège

Comme forme la plus achevée du métier d’informer, le journalisme d’investigation exige une parfaite maîtrise de l’ensemble des techniques journalistiques les plus poussées pour traquer le secret partout où il se trouve. Mais à chaque étape de son enquête, a fortiori depuis l’irruption des outils numériques, le journaliste doit pouvoir s’appuyer sur des sources fiables et des documents incontestables. D’où la nécessité de travailler en parfaite harmonie avec des documentalistes passionnés par l’actualité. Et par la quête de vérité.

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Impala, 20 ans en ligne droite dans un monde de l’information en évolution rapide

Jan CORTHOUTS, Diensthoofd van Anet Bibliotheekautomatisering, Universiteit Antwerpen (UA)
Julien VAN BORM, Ere-hoofdbibliothecaris, Universiteit Antwerpen (UA)
Michèle VAN DEN EYNDE, Anciennement Hoofd van de Interbibliothecair Leenverkeerdienst, Universiteit Antwerpen (UA), et Coördinator van Impala (jusque fin avril 2011). Aujourd’hui pensionnée.

Impala, le système belge pour le prêt interbibliothèques (PIB) et la fourniture de documents, a été développé par l’Universiteit Antwerpen et fut accepté comme système national en 1991. Vingt ans plus tard, dans un monde de l’information qui évolue très vite, il est toujours opérationnel et continue à fonctionner sur les mêmes bases qu’au départ. Cependant, il fonctionne en version web depuis 1998 et la fourniture électronique de documents a été ajoutée en 2001. Cet article donne un aperçu des possibilités d’Impala et fournit en même temps des statistiques qui donnent une idée du PIB en Belgique.

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Unicat revisited: Belgische collectieve catalogus opnieuw beschikbaar

Jan CORTHOUTS, Hoofd Anet Bibliotheekautomatisering, Universiteit Antwerpen (UA)

Unicat est le portail qui, en Belgique, donne accès aux collections des bibliothèques scientifiques – environs 13 millions d’enregistrements. Unicat a été réalisé par les bibliothèques universitaires belges, en collaboration avec l’entreprise danoise SemperTool. Cet article se concentre sur la genèse de Unicat, avec ses prédécesseurs tels que le Catalogue Collectif des Titres (CCT) et le Catalogue Collectif Belge (CCB) et met en évidence les différentes fonctions du portail, dont l’intégration dans Impala. L’article indique aussi comment d’autres bibliothèques peuvent inscrire leurs collections dans Unicat. Le modèle commercial d’Unicat est basé sur une participation aux coûts en proportion du nombre d’enregistrements délivrés. Le projet est réalisé par un groupe de travail technique – comprenant des représentants de la Bibliothèque royale et des bibliothèques universitaires – et est contrôlé par un groupe pilote comprenant notamment des représentants du Vlaams Overlegorgaan inzake Wetenschappelijk Bibliotheekwerk (VOWB) et de la Bibliothèque interuniversitaire de la Communauté française de Belgique (BICfB).

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Un consommateur informé en vaut deux : Le rôle du CRIOC

Sylvie MEJBLUM, Responsable presse, Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs
(CRIOC)
Réjane DETHISE, Documentaliste, Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs
(CRIOC)

Le CRIOC, Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs, réalise des études scientifiques et analyse l’information sur différentes matières en lien avec la consommation, particulièrement celles abordées au sein de commissions telles qu’entre autres, le Conseil de la Consommation, le Conseil fédéral du Développement durable, la Commission des Assurances et les groupes de travail en lien avec l’alimentation, les assuétudes l’énergie etc. Le CRIOC publie aussi des articles sur ses différents sites. Il informe le citoyen dans tous les domaines qui touche à la consommation afin de rendre le citoyen plus avisé et critique. L’information est relayée de manière claire sur le site en des termes abordables pour le consommateur (par exemple, la vulgarisation des articles juridiques). Le centre de documentation a une fonction de conservation de la littérature grise consumériste dont le fonds a été créé en 1975 et permet de retracer l’histoire des organisations de consommateurs et de la consommation en général. Il a une fonction de diffusion d’une information actualisée et spécialisée (lecture de la presse, dépouillement de périodiques spécialisés, documentation juridique, actions des organisations de consommateurs, etc.).

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